Un communiqué de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) rappelle que le 11eme FRADD a été accueilli du 9 au 11 avril par l’Ouganda, un pays exemplaire en matière de progrès sur les ODD. En effet, la croissance économique du pays est restée solide et a dépassé la moyenne africaine depuis la période de reprise du COVID-19.
Selon la Banque d’Ouganda (2025), la croissance économique devrait se maintenir dans une fourchette de 6,0 % à 6,5 % pour l’exercice 2024/25 et devrait atteindre 7,0 % au cours des deux ou trois prochaines années, grâce à un environnement macroéconomique stable, aux investissements directs étrangers dans les secteurs minier et pétrolier, aux interventions stratégiques du gouvernement, à l’augmentation de la production agricole et aux recettes pétrolières attendues.
Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a remercié le président Yoweri Museveni pour l’engagement de son gouvernement en faveur de la transformation de l’Afrique. Il a félicité les délégués et le président du bureau de l’Ouganda pour avoir mené le forum vers la déclaration de Kampala.
« Il ne s’agit pas d’un document de la CEA. Ce n’est pas un document des Nations unies. C’est votre document – il appartient à l’Afrique, avec votre propre contribution (… ) Il nous appartient à tous ensemble », a-t-il déclaré.
Réfléchissant à l’évolution du système financier mondial, M. Gatete a fait remarquer que les failles du système étaient devenues évidentes depuis 2002.
« Nous avons réalisé que ce système financier ne fonctionnait pas pour l’Afrique. Le consensus de Washington ne peut plus fonctionner pour nous ». Le continent, a-t-il ajouté, a été frappé depuis longtemps par une série de chocs extérieurs, une crise énergétique et l’instabilité de certains pays au cours des deux dernières décennies.
L’impact du climat représente plus de 5 % du PIB, et le continent est soumis à une pression encore plus forte. « La dette de l’Afrique dépasse aujourd’hui 1 000 milliards de dollars ; avec des paiements d’intérêts annuels supérieurs à 100 milliards de dollars, la situation n’est pas viable. Nous devons chercher des solutions », a-t-il souligné.
Il a ajouté que les efforts visant à appliquer divers modèles de financement innovants, tels que les obligations vertes et bleues et les obligations de développement durable, ne sont pas suffisants. L’Afrique doit s’attaquer à l’endettement élevé et à la complexité des accords de crédit actuels.
« Alors que la majeure partie de la dette était auparavant due au Club de Paris et se prêtait donc à une prise de décision facile, il y a aujourd’hui beaucoup plus de prêteurs, y compris des prêteurs privés », a-t-il déclaré.
« La combinaison des facteurs, y compris la géopolitique actuelle, rend les choses difficiles. En outre, le cadre commun du G20 ne fonctionne pas pour l’Afrique ; nos notes de crédit sont faibles ».
Gatete a souligné que le fait que seuls deux pays africains aient jamais obtenu une notation de qualité depuis leur indépendance est « un signal que nous devons faire les choses différemment ».
« Le monde change, et nous devons changer », a-t-il déclaré, réitérant l’appel lancé à l’Afrique du Sud pour qu’elle se dote d’un système de notation de qualité.
Il a souligné que « les processus mondiaux tels que la Conférence de l’ONU sur le financement du développement (FFD4), le Sommet social mondial, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique 2025 (COP30) nécessiteront des contributions de la part de multiples parties prenantes – la « Déclaration de Kampala » fournit les réponses de l’Afrique à ces processus mondiaux cruciaux ».
Pour sa part, Leonard Zulu, coordinateur résident des Nations unies en Ouganda, a félicité le président Yoweri Museveni d’avoir souligné l’urgence pour les pays africains de transformer l’approche du continent en matière de développement, rappelant que « son message était clair : nous devons cesser d’exporter nos emplois et nos matières premières ».
« Le président a souligné que nous devions plutôt investir dans nos systèmes par le biais de transports avancés, d’une énergie verte et abordable, d’une éducation transformatrice et de systèmes financiers solides, et ajouter intentionnellement de la valeur à nos ressources abondantes ». Notant l’interconnexion des défis auxquels le continent est confronté, M. Zulu a appelé à des « réponses collectives et intégrées ».
« Une paix durable nécessite un développement durable. Le développement durable nécessite un financement durable. Le financement durable nécessite un contrôle des flux économiques et financiers et ce contrôle nécessite des institutions étatiques solides », a déclaré M. Zulu.
Zulu a également appelé à l’investissement dans la science, la technologie et l’innovation, ainsi qu’à un « état d’esprit transformateur qui empêche la délocalisation d’emplois par l’exportation de matières premières afin d’y ajouter intentionnellement de la valeur ».
Pour que le continent connaisse une croissance inclusive, M. Zulu a déclaré que l’égalité des sexes, l’autonomisation des jeunes et la protection sociale devaient être des priorités. Les partenariats doivent également être renforcés entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et les autres parties prenantes.
Le forum a réuni plus de 2 500 participants, dont des chefs d’État et de gouvernement actuels et anciens, des représentants du Conseil économique et social (acronyme anglais EcoSoC Economic and Social Council ou en français CESNU), de la société civile, du monde universitaire, des parlementaires et des représentants d’organisations locales, régionales et internationales, ainsi que de la Commission de l’Union africaine.
Plus de 45 événements parallèles et pré-événements ont été organisés en ligne et en format hybride. La réunion a élu Maurice pour diriger le nouveau Bureau du FRADD pour l’année 2025.