« En 2015 déjà, l’Afrique perdait 50 milliards de dollars (environ 30.258 milliards 50 millions de francs CFA) par an en termes de flux financiers illicites. Actuellement, les estimations sont de 90 milliards. Ces fuites de flux financiers touchent surtout les secteurs extractifs et miniers », a révélé le directeur exécutif de Trust Africa, Ebrima Sall.
Il s’exprimait lors de la 3ème édition de la conférence africaine portant sur la dette et le développement qui se tient dans la capitale sénégalaise du 30 août au 1er septembre.
Cette réunion de haut niveau organisée à Dakar par Trust Africa et l’African Forum and Network on Debt and Development (AFRODAD) vise à « promouvoir des idées et des stratégies innovantes, qui redéfinissent le rôle de l’Afrique dans l’architecture financière mondiale, pour conduire le continent vers un avenir durable et équitable ».
Le directeur exécutif de Trust Africa soutient que les auteurs de ces « fuites exploitent les ressources ou commercent avec l’Afrique en utilisant tous les moyens leur permettant d’éviter des taxes » aux États.
Ainsi, il s’agit de monter les stratégies efficaces pour arrêter ce phénomène et rapatrier les ressources perdues dans les paradis fiscaux. Par ailleurs, en dehors des pertes, il estime que la hausse de la dette africaine s’explique par le fait que les pays africains s’endettent dans des monnaies étrangères.
« La campagne en cours vise à arrêter ce phénomène et à rapatrier les ressources perdues dans les paradis fiscaux », a expliqué M. Sall.
« Certains pays, dont les États-Unis, sont beaucoup plus endettés que nous mais ils s’endettent dans leur monnaie, ce qui fait que le risque n’est jamais trop élevé pour eux. Mais notre drame, c’est qu’on emprunte avec des conditions draconiennes et des monnaies qui ne sont pas les nôtres », a expliqué, Ebrima Sall.
Selon lui, ce phénomène ne fait qu’exacerber la dette des pays africains ; ce qui représente un fardeau énorme pour le continent et l’empêche d’atteindre ses objectifs de développement durable et inclusif.
D’autant plus, les ressources que nous générons vont en grande partie au remboursement de la dette. Ce qui fait qu’on passe beaucoup de temps pour se libérer de cette dette, qui est très lourde et hypothèque la transformation de notre économie.
La conférence africaine qui réunit des parlementaires, des chercheurs et des représentants d’organisations internationales est placée sous le thème ‘’Les 4R pour les décideurs africains : ré-imaginer, repenser, réorganiser et remobiliser pour un ordre mondial africain’’.
Selon les organisateurs, les recommandations de cette conférence seront utilisées pour contribuer et influencer la conférence sur le climat en Afrique, ainsi que les prochaines assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale prévues du 9 au 15 octobre au Maroc.