« Une Afrique qui progresse sur la voie de la démocratie, mais encore secouée par l’instabilité institutionnelle ; une Afrique engagée à faire taire les armes, mais toujours sous le feu ravageur des conflits et du terrorisme », a fait remarquer le chef de l’Etat sénégalais à l’ouverture à Diamniadio de la 9é édition du Forum International de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique.
La cérémonie d’ouverture du Forum placé sous le thème « L’Afrique des potentiels et des solutions face aux défis sécuritaires et à l’instabilité institutionnelle », a été marquée par la présence du président de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, du Premier ministre de la Guinée-Bissau, Geraldo Jaoa Martins, du ministre délégué aux affaires étrangères du Japon, Hori Iwao, des ministres d’Allemagne, du Kosovo, de la Turquie et des membres du gouvernement sénégalais, ainsi que du Corps diplomatique accrédité à Dakar.
Pour le président Sall, l’Afrique est grande et riche avec plus de 30 millions de km2, dont plus de 60% des terres arables non exploitées du monde ; d’importantes ressources en eau et hydrocarbures ; 85 à 95% des réserves de métaux du groupe du chrome et du platine ; 85% des réserves de phosphates ; 40% des réserves d’or.
Malgré l’immense potentiel du continent, « les règles et pratiques de l’échange inégal contribuent à l’appauvrir », a-t-il fustigé.
En effet, le président sénégalais réclame une gouvernance politique, économique et financière mondiale plus juste et plus équitable.
Pour ce faire, il rappelle les priorités de l’Afrique en mettant l’accent sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, et celle de l’architecture financière mondiale, y compris les Institutions de Bretton Woods, afin que le système international, hérité de la seconde guerre mondiale, soit plus représentatif des réalités de son temps.
La deuxième priorité, selon lui, est la révision des règles de l’OCDE sur l’accès au crédit, la durée des délais de grâce et des périodes de remboursement pour permettre de mobiliser des ressources plus conséquentes pour financer les besoins de développement.
Il appelle également à la lutte contre les pratiques fiscales anormales, notamment l’évasion fiscale et les congés fiscaux abusifs, pour que l’impôt soit dûment payé là où la richesse est créée, surtout s’agissant de l’industrie extractive.
Au-delà des défis économiques, le chef de l’Etat sénégalais estime que les conflits et atteintes à la stabilité constitutionnelle donnent une mauvaise perception et contribuent à renchérir le crédit en Afrique.
« L’Afrique a besoin de pause pour travailler à son développement. Il ne faut pas qu’on se réveille tous les matins avec des mutineries, des putschs. L’Afrique ne peut pas se développer dans ces conditions », a-t-il averti.
Il ajoute que les conflits et l’instabilité institutionnelle coûtent cher à l’Afrique, contribuent au renchérissement du crédit et font faire au continent un bond en arrière de 60-65 ans ; d’où l’opportunité « de faire taire les armes et de privilégier le dialogue pour le règlement des différends dans les pays d’Afrique ».
Dans la même veine, le Premier ministre bissau-guinéen estime que l’Afrique a besoin de stabilité, de sécurité et d’institutions fortes pour relever les défis dans l’éducation, l’innovation et l’industrialisation
« Ce n’est que si ces conditions sont réunies que l’Afrique parviendra à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur et augmenter sa compétitivité sur le marché mondial », a-t-il souligné, notant que la stabilité repose sur l’observance des principes et des règles qui fondent l’Etat de droit et la démocratie.