Dans son discours de fin de mandat à la tête de l’Union africaine (UA), prononce ce samedi à Addis Abeba (Ethiopie), lors du 36e Sommet de l’organisation continentale, le chef de l’Etat sénégalais a déploré le fait que le sort de l’Afrique continue de dépendre « d’institutions et règles d’après-guerre qui ne prennent pas suffisamment en compte ses besoins et intérêts ».
« Certes, nous avons la responsabilité première de créer les conditions de développement de nos pays, mais notre le sort de l’Afrique dépend aussi d’institutions et règles d’après-guerre qui ne prennent pas suffisamment en compte les besoins et intérêts de nos pays », a dit Macky Sall.
Il appelle, par conséquent, les pays membres de l’Union et la Commission à participer activement à l’Initiative de Bridgetown sur la réforme de l’architecture financière mondiale, dont l’agenda 2023 prévoit six rendez-vous entre les réunions du FMI et de la Banque mondiale en avril, et la COP 28 en décembre.
Il rappelle avoir déjà déclaré, dans son adresse de prise de fonction, le 5 février 2022, que les économies africaines sont « sous financées et mal financées ». Selon lui, cela tient au fait que les pays du continent africain continuent de payer de « façon injuste » des taux d’intérêt « trop élevés », à cause d’un « système inéquitable d’évaluation du risque d’investissement ».
Selon le président sortant de l’UA, cela a été confirmé par plusieurs études, dont le Rapport 2022 sur le financement du développement durable publié en avril 2022, qui a relevé en termes explicites la sévérité des Agences vis-à-vis des pays du Sud et leur relative indulgence à l’égard des pays industrialisés.
Cette étude a été réalisée par une soixantaine d’institutions multilatérales, dont le FMI, la Banque mondiale, le Comité de Bâle sur la supervision bancaire, l’Association internationale des régulateurs de l’assurance et le Conseil de stabilité financière.
Le Rapport avait noté qu’en pleine pandémie en 2020, 18 des 32 pays africains évalués par au moins une des grandes agences ont vu leur notation dégradée ; soit 56% contre une moyenne mondiale de 31%.
A l’inverse, le même document avait relevé que « les pays développés, qui ont connu une augmentation de leur dette et un ralentissement économique beaucoup plus important, ont largement échappé aux dégradations, ce qui renforce leur accès à un financement de marché abondant et abordable ».
Selon le président sortant de l’UA, le document relève en outre la défiance des Agences de notation vis-à-vis de l’Initiative de suspension du service de la dette, pourtant décidée de façon consensuelle par le G20, instance habilitée en la matière.
Plusieurs pays africains ont ainsi vu leur notation mise sous surveillance, avant même leur participation à l’Initiative, indique-t-on. « Ce qui a contribué à aggraver la perception du risque dans ces pays et à dégrader leur notation, comme si les agences s’érigeaient en instance de régulation au-dessus des Institutions intergouvernementales », a dit le président Macky Sall.
A cet effet, il a déclaré que le Rapport a recommandé l’adoption de « méthodologies transparentes afin de ne pas miner la confiance dans les notations ».